Le petit convois n'était guère impressionnant. Deux gardes ainsi qu'une domestique accompagnaient la blonde Teutonne qui revenait sur les terres qui avaient vu grandir sa mère. La jeune femme avait fait d'émouvants au revoir à son amant, celui qu'elle aimait, mais qui ne l'aimait pas. C'était une situation si pathétique. Ulrika avait songé à toutes les issues possibles ; prendre le voile, partir en voyage, retourner vivre dans le Saint-Empire, changer d'identité. Mais elle n'avait pas le courage. Elle aimait le Comte de tout son coeur, et partir loin de lui la déchirait intérieurement. Pourtant, la Von Stern avait fait ce voyage bien harassant depuis le Languedoc pour voir sa cousine. Lors de son dernier passage en Savoie, elles s'étaient à peine vues l'une et l'autre et la discussion avait coupé court à toutes les fois. La blonde se présenta au garde avec son port noble et son air à la limite d'être hautain habituels. Elle portait de la soie, ce qui évoquait assez bien son statue nouvellement choyé dans sa patrie d'adoption. Ses cheveux étaient tressés sur le côté avec un ruban qui scintillait sous les rayons du soleil.
« Je suis Ulrika Lieselotte Von Stern, demoiselle de compagnie de la Vicomtesse de Pégairolles-de-Buèges, Dame Jayzabelle d'Alveirny. Je viens ici pour visiter ma chère cousine la Duchesse Alinoë de Chenot et prendre de ses nouvelles. J'ignore où elle se trouve à cette heure, mais j'ai bon espoir que vous pourrez me l'indiquer. »